Les utilisateurs expérimentés ne s’en rendent plus compte. Ils enfilent un casque XR sur la tête et lance une application sans se poser de question. Pour autant, pour un grand nombre d’individus, la XR ne fait pas encore partie de leur quotidien. Aussi, lorsqu’il faut chausser un casque, il peut y avoir de l’appréhension, voire de la réticence chez certains utilisateurs. Et si l’enjeu est de leur faire vivre une présentation commerciale d’un produit ou une formation par exemple, il y a fort à parier que l’objectif escompté ne soit pas atteint.
Parce que trop souvent la technologie prend le dessus, il nous semblait alors important de partager notre vision et la prépondérance des émotions dans nos développements et nos solutions.
Un environnement pensé et adapté
On oublie trop souvent que l’expérience ne commence pas simplement en mettant un casque sur la tête. Quand on parle de design d’expérience ou d’expérience utilisateur en réalité virtuelle, nombreux sont ceux qui se focalisent sur le contenu de l’application immersive et font abstraction de tout ce qui l’entoure, comme si le réel n’existait plus une fois immergé. Pourtant, quels que soient les progrès technologiques actuels et à venir, aucune expérience ne permet et ne permettra de se soustraire intégralement à la réalité.
Il convient donc d’étendre le périmètre de l’expérience au monde réel. De la même manière qu’il n’existe pas de rupture dans le continuum de Milgram, il faut privilégier un passage fluide du réel au virtuel, afin d’améliorer le sentiment de présence dans le monde virtuel.
L’expérience démarre en ouvrant la porte. L’utilisateur entre dans la salle. Ce peut être un showroom, une salle de cours ou un espace de collaboration. Quoi qu’il en soit, dès qu’il franchit le seuil, ce lieu doit offrir une lisibilité claire. L’utilisateur doit en avoir une compréhension immédiate et percevoir rapidement l’objectif de sa présence dans ce lieu. L’aménagement et l’agencement sont donc des aspects clés. Ils donneront le ton. La signalétique contribuera également à guider les participants dans la découverte et l’utilisation du lieu.
Ce dernier se composera généralement d’un espace d’accueil, d’îlots de travail, de bureaux, d’estrades ou d’espaces de travail plus cosys, choisis pour répondre à la fonction. L’ambiance pourra y être studieuse, créative, sobre et toujours adaptée à la cible et au besoin. Tout cela peut sembler évident, mais contribuera à créer une atmosphère accueillante et chaleureuse.
Cependant, il est possible d’aller plus loin et de pousser les curseurs pour travailler plus en profondeur sur le registre des émotions.
Photo : Virtuality Continuum, Milgram et al.
Provoquer un changement d’état émotionnel
Qu’il s’agisse d’une réunion de travail, d’une formation ou d’une présentation commerciale, l’état émotionnel des participants nécessite une attention particulière, pour les mettre dans les meilleures dispositions. Un accueil réussi permettra de diminuer le niveau de stress et la charge mentale par exemple.
Une fois cette étape passée, l’objectif va être de faire basculer les participants dans l’expérience immersive. La transition doit être douce. Il est envisageable de jouer sur différentes modalités sensorielles. Une ambiance sonore particulière ou un changement de l’intensité et des tons de l’éclairage peuvent rapprocher l’espace réel de l’expérience virtuelle et procurer un certain réconfort avant l’immersion. Tout l’enjeu de cette transition réel->virtuel sera de faciliter l’immersion et le sentiment de présence dans l’expérience immersive.
Des expériences immersives riches en émotions
Même dans le cadre d’une session de travail sérieuse, il n’est pas inintéressant d’envisager une expérience immersive comme un scénario de roman ou de film.
Dans une structure classique en trois actes, l’histoire bascule généralement à la fin de l’acte 1 après l’introduction ou la mise en place. C’est ce qu’on appelle le nœud dramatique. L’histoire démarre alors réellement et peut être perturbée à plusieurs reprises dans le cours de son développement, jusqu’à atteindre le point culminant de l’intensité dramatique, le climax. Dans un contexte pédagogique, ces « perturbations » peuvent correspondre à des exercices, intégrés au sein d’une quête. On comprend alors l’importance de la transition réel->virtuel pour conditionner les participants et faire en sorte qu’ils rentrent rapidement dans l’action.
Retour sur Terre
L’expérience s’achève et il est temps de revenir à la réalité. Ce retour au réel doit également être maîtrisé pour conserver le bénéfice de l’expérience immersive. Après le climax, le niveau d’émotions redescendra nécessairement, mais le but est de le maintenir à un niveau élevé pour ancrer l’expérience dans la mémoire des participants. Dans un showroom par exemple, on peut imaginer que le lieu se soit transformé pendant que le déroulement de l’expérience, afin d’y retrouver, une fois le casque ôté, des éléments découverts pendant l’immersion ou des images projetées sur les murs en lien avec l’expérience. Ce prolongement de l’immersion dans la réalité permet un « atterrissage » fluide, tout en conservant un niveau d’émotions élevé.
Nous appelons ce gain émotionnel, le delta entre l’état émotionnel initial et final (voir schéma ci-dessous), le ROE pour Return On Emotion. Et s’il n’est pas facilement mesurable, cette notion complète réellement le gain financier (ROI) attendu lorsqu’on investit dans les technologies immersives.
En abordant une conception centrée sur l’humain, les émotions sont un paramètre indéniable à prendre en considération. Evidemment, il ne s’agit pas d’élaborer un scénario hollywoodien ou une tragédie shakespearienne pour tous types d’expériences immersives. Pour autant, la mécanique d’ensemble et une attention particulière apportée à l’environnement vont favoriser la réussite de vos objectifs, qu’il s’agisse de vendre un produit, concevoir en équipe ou transmettre des savoirs.
Le réel et le virtuel restent, quoi qu’il en soit, intimement intriqués et aucun aspect ne doit être négligé pour offrir une expérience immersive riche et de qualité.
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